Quelle huile pour la chaîne ?

La chaîne consomme beaucoup d’énergie surtout quand elle est sèche… On entend le bruit des moineaux mais surtout sa consommation en watts s’envole ! Alors que mettre dessus pour que le pédalage soit fluide par tous les temps ?

D’après les travaux du laboratoire Friction Facts (racheté par CeramicSpeed) effectués en 2012, une chaîne lubrifiée absorbe environ 7 W quand le cycliste en développe 250 W. Si la chaîne est utilisée sous la pluie, on atteint les 20/21 W de consommés. Et en conditions extrêmes, quand elle est sèche et boueuse, la consommation passe à 25 W soit 10% de ce que le cycliste pousse… Donc conserver de la fluidité dans sa transmission, c’est économiser de l’énergie. Alors mettez la bonne huile sur votre chaîne.

La chaîne, des pièces métalliques en friction permanente

Il n’y a pas de roulement dans une chaîne… Les pièces en métal glissent donc les unes sur les autres ce qui génère des frictions consommatrices d’énergie. La solution pour les diminuer est d’assurer une parfaite lubrification des maillons, rouleaux et rivets. Pour cela, il y a divers produits sur le marché  et tous n’ont pas la même efficacité dans le temps ni vis à vis de la météo… La qualité mais aussi la quantité sont importantes. Pas assez c’est mal, trop ce n’est pas forcément mieux !

Taya a développé une chaine sans rouleaux avec des usinages pour retenir au mieux le lubrifiant. Crédit Taya

La saleté, première consommatrice d’énergie

Il ne suffit pas de mettre de l’huile sur la chaîne pour qu’elle soit fluide, il faut aussi que tout soit propre. Sinon le lubrifiant va se charger en particules de terre, de sable, de poussière et de métal et générer encore plus de frictions et d’usure. Et on ne se contente pas de nettoyer la chaîne, on dégraisse et on nettoie tout ! Cassette, galets de dérailleur, plateau, dérailleurs, tout… Le dégraissant va décoller la saleté mais il va aussi pénétrer dans les rouleaux et y dissoudre ce qu’il restait de la graisse originelle.

Une chaîne sale sur la route, cela devrait être ça ! Crédit Frédéric Iehl

Après quelques nettoyages studieux, votre chaîne sera alors parfaitement sèche… À ce moment, plus rien n’empêchera les frottements. Elle nécessitera donc une lubrification adaptée. Se dispenser de dégraisser la chaîne n’est pas une solution non plus. Les rouleaux ne sont pas étanches et au fur et à mesure de l’usure, l’eau et les corps étrangers y pénètrent facilement. La graisse d’usine qui y est encore présente n’a alors plus guère ses caractéristiques originelles. Il faut donc huiler sa chaîne et toute sa transmission, et il y a de quoi faire en la matière…

L’huile temps sec

Pas de pluie à l’horizon et juste un peu de poussière sur la route. Une huile fine comme la vaseline pourra convenir sur la chaîne et la transmission pour une sortie courte, moins de 2 heures. Si la pluie s’invite, votre chaîne sera vite « sèche ». Dix petites minutes d’une bonne ondée seront alors suffisantes… De plus, une huile fine va être facilement expulsée de la chaîne par la force centrifuge et se retrouver sur la jante donc compromettre le freinage à patins. Surtout si au moment de l’application, on a eu la main très lourde… Pour être « tranquille », choisissez une huile avec PTFE, le fameux Téflon qu’on aime peu dans nos poêles… Le lubrifiant est adhérant et restera jusqu’à la fin de la sortie aussi longue soit-elle ! S’il y a une petite averse, vous aurez encore de quoi rouler de façon fluide.

En gravel, ou sur des terrains poussiéreux, l’huile va se charger en poussière et perdre son pouvoir lubrifiant. Crédit Frédéric Iehl

Idem si votre sortie se déroule dans le sable, et la poussière, gravel ou cyclocross, vous avez intérêt à utiliser une huile avec PTFE qui limitera l’adhérence des saletés. La durée de vie optimale de cette lubrification est d’environ 10 heures de fonctionnement en conditions routières sèches, après soit c’est sale, soit c’est sec. Mais dans tous les cas, cela consomme ! On pourra toujours après chaque sortie enlever l’excédent d’huile sur le dessus de la chaîne avec un chiffon. Mais pas de miracle, dès que l’huile sur la chaîne et votre transmission est vraiment noire, il faut nettoyer et remplacer !

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Huile temps humide

La pluie est là, ou ne vas pas tarder. Les huiles « pluie », Cross Country, Wet etc sont plus adhérentes, plus collantes. Elles sont de fait moins fluides que les temps sec et consomment un peu plus de puissance de ce fait. Mais leur avantage, c’est qu’elles restent en place plus longtemps. A la condition d’être appliquées à même le métal. Si vous l’appliquez sur un autre lubrifiant, l’huile pluie ne tiendra pas longtemps sur votre chaîne, idem si votre transmission est sale… Son coté collant va également bien fixer les particules de la route ou des chemins. Vous avez donc intérêt à nettoyer votre transmission après chaque sortie, surtout si entre deux épisodes pluvieux vous passez sur un terrain poussiéreux. En la renouvelant après la sortie, l’usure de la transmission sera limitée et sa performance maintenue ! Mais si vous recherchez la plus grande fluidité possible, ce n’est pas ce choix qu’il faudra faire. Enfin sa viscosité ne permettra pas de pénétrer dans les articulations des dérailleurs, des galets de dérailleurs, des axes de freins à patins.

Les cires et « traitements » pour la chaîne

Les cires et assimilés, Ice Wax, White Litening, Squirt Lube, Van Rysel Wax, AbsoluteBlack GraphenLube, etc, présentent des avantages et se montrent moins gourmandes en watts que les huiles. Elles ne fixent pas la saleté et créent un revêtement qui lubrifie parfaitement la chaîne. Mais ce type de lubrifiant est à réserver à des utilisateurs pointilleux, car pour en profiter il y a des efforts à faire pour préparer le matériel. On doit en effet l’appliquer sur une surface vierge de toute trace d’huile ou de graisse pour que la cire adhère et fonctionne.

Il existe des cires de couleurs qui changent celle de la chaîne. Crédit Frédéric Iehl

Ceci implique de dégraisser la chaîne de fond en comble. Même, et surtout, si elle est neuve… Après application abondante du produit, on laisse sécher la chaîne pendant quelques heures. Avantage, une fois prête à l’emploi, la chaîne ne vaporise pas d’huile aux alentours. Si vous faites du home-trainer dans votre appartement, c’est un vrai plus ! Maintenant, l’aspect crémeux donne parfois la sensation que la transmission n’est pas propre, et pourtant… Le revêtement lubrifiant s’use au fur et à mesure des kilomètres, généralement cela dure aux alentours de 300/400 km sur le sec, parfois plus. Sous la pluie, tout va dépendre de la propreté de la transmission et de la route. En effet, si les corps étrangers ne se fixent pas, ils vont éroder le film lubrifiant plus vite. On peut espérer supporter une pluie forte une heure ou deux maximum sans boue. Avec, il n’y aura pas de miracle la chaîne perdra son traitement assez rapidement. Pour le nettoyage, impératif après usure du revêtement lubrifiant, il faudra un dégraissant, une brosse, un pinceau et un peu de temps… Car il faut tout éliminer pour réappliquer de la cire.

La graisse, la fausse bonne amie

L’avantage de la graisse, c’est qu’elle est très adhérente et qu’il est tentant de l’utiliser par temps de pluie. Les pros le font pour être tranquilles toute la durée de l’épreuve mais ce n’est pas sans conséquence… La graisse va capter toutes les particules abrasives et les « absorber ». Les pignons, les plateaux et bien entendu la chaîne vont être érodés par cette « pâte à roder ». Sur une journée cela ne se verra pas trop, mais il faut faire un nettoyage immédiat et poussé de toute la transmission pour éliminer toute trace de graisse sale. Ou propre…

2021 Quelle huile pour la chaîne
Ce lubrifiant bleu est produit par Mecacyl. C’est de l’Hyper Graisse, la seule graisse en fait vraiment utilisable pour le vélo… Il lui faut la même préparation qu’une cire ! Crédit Frédéric Iehl

Les mécaniciens des équipes pros le font après chaque sortie. Et remplacent le matériel usé aussi…  Une fois cela peut passer, mais si cette pratique devient habituelle, votre transmission va vieillir très très vite… On évitera donc la graisse aussi, fluide soit-elle. Quand on monte une chaîne neuve, celle-ci est grasse et donne une sensation de fluidité. Sur le sec, cela peut passer. Sur un sol poussiéreux, moins et s’il pleut, on est dans la même situation que si on appliquait de la graisse. D’une façon générale, si la chaîne est lubrifiée avec la graisse quand celle-ci est neuve, elle consomme plus de puissance que de l’huile. Alors certes, il y a des graisses qui deviennent fluides plus vite que d’autres, mais dans tous les cas les coefficients de frictions sont plus importants qu’avec de l’huile. Exception à cela, l’Hyper Graisse de Mecacyl qui est en fait plus une sorte de cire que de graisse. Et pour le nettoyage, il faudra un dégraissant vraiment agressif et y passer du temps pour tout enlever.

Les mélanges…

Pour qu’un lubrifiant tiennent, il lui faut une surface adhérente… La première surface adhérente, c’est le métal propre ! La seconde surface quand la chaîne est neuve, c’est la graisse… Si on a une chaîne neuve et donc grasse et qu’il pleut, on pourra toujours appliquer dessus une huile de pluie qui éloignera un temps les impuretés préservant la chaîne d’un « rodage » important. Maintenant si votre chaîne est lubrifiée avec une huile « temps sec », vous aurez beau mettre de l’huile « pluie » par dessus, elle n’y restera pas longtemps. Si le temps change juste avant le départ, vous pouvez essayer de sécher avec un chiffon votre chaîne au maximum avant d’appliquer l’huile temps humide. Cela tiendra un peu plus longtemps, mais pas autant qu’une préparation pluie. Sur de la cire, rien à faire…

Que choisir ?

On évitera les huiles moteurs et de bricolage, les dégrippants et enfin l’huile de vaseline. On préférera toujours les burettes au spray. La raison est simple, avec le spray si on a le sentiment (justifié) que l’huile va aller partout, on en met aussi trop, et parfois où il ne faut pas ! Avec la burette vous êtes sûr de l’appliquer où il faut et dans la bonne quantité, il faut juste être juste « patient » pour que tout baigne dans l’huile. De plus, pas de risque d’être à court de gaz avec un reste d’huile dans la bombe… Si on ne veut pas se compliquer la vie, le plus simple en matière de lubrifiant pour la chaîne est d’utiliser une huile adaptée aux conditions météos et de la nettoyer fréquemment. Les cires et assimilés sont plus onéreux et imposent de la rigueur pour être pleinement efficaces. Mal préparés, ils n’apporteront rien par rapport à de l’huile à part une dépense supérieure…

Pour pleinement profiter des cires, il faut une chaîne propre à l’extrême. Crédit Frédéric Iehl

Au niveau des différences de performance entre une chaîne sèche et une chaîne lubrifiée, les écarts sont énormes. Mais d’une marque de lubrifiant de même type à l’autre, et on parle des gains réels, ils ne sont pas miraculeux, ils sont même minimes. Mais ils peuvent faire la différence entre une seconde et une première place… Le tout est alors de s’assurer que tout son matériel (transmission, roues, pédales, pneus) est au meilleur niveau. Le moindre roulement « défectueux » pouvant absorber largement le gain du lubrifiant… Il y a donc souvent des watts à gagner ailleurs ! Enfin, pour les marques tournez-vous vers les spécialistes qui ont des gammes complètes de lubrifiants-dégraissants comme Bike 7, Morgan Blue, Pedro’s, Finishline, Shimano, Mucc Off, Velox, Zefal, Ufo, SquirtLube, Motorex, Decathlon, Var, WD 40 avec sa gamme vélo, 3 en 1 avec son lubrifiant pour chaîne et câble, Mecacyl, Absoluteblack, T9 Beoshield et d’autres bien entendu.

Une chaîne, une cassette, un pédalier propres sont la base pour avoir une bonne lubrification de la transmission. Crédit Frédéric Iehl

Finalement pour avoir une transmission la plus fluide possible, il faut qu’elle soit propre avant d’appliquer la bonne huile ou le bon produit sur la chaîne ! Ce n’est pas si facile que cela, car les particules de lubrifiant usagé et sale se logent dans les maillons flottants de la chaîne et entre les dents des plateaux, pignons et galets. Il est donc nécessaire de tout nettoyer à chaque fois et de ne pas oublier de le faire aussi sur vos roues de rechange ! Dans tous les cas après l’application du dégraissant, il faudra laver intégralement le vélo, pour enlever les salissures du nettoyage mais aussi pour éliminer le dégraissant complètement. Certains dégraissants sont en plus huileux (et très efficaces), à ne pas appliquer sur les surfaces de freinage (disques, plaquettes, jantes)… L’usage du dégraissant du pinceau et de la brosse sont les premiers éléments d’une bonne lubrification. Le choix d’un lubrifiant adapté aux conditions météos de la sortie arrive ensuite…

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  1. 1
    Préparer son vélo pour l'hiver... - Dimensions Vélo

    […] On utilisera des huiles pour temps humides pour la chaîne mais aussi pour les articulations « exposées », dérailleurs, axes de galets, freins à patin, mâchoire des pédales. On peut utiliser aussi les cires prévues pour la pluie, mais si la transmission est moins sale avec ce type de lubrifiant, elle n’en nécessite pas moins un nettoyage régulier pour ne pas dire à chaque sortie. […]

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