Économiser et faire durer la chaîne de son vélo

Au fil des kilomètres tout s’use et la transmission de votre vélo n’y échappe pas. Alors pour limiter les frais et maximiser son fonctionnement voici quelques conseils…

Il n’y a rien de plus gênant, voire dangereux qu’une chaîne de vélo qui fait du bruit ou saute quand on se met en danseuse ou qu’une indexation qui fonctionne mal. Pertes d’agrément, risque de casse, cela n’augure rien de bien plaisant… Et tout cela est lié à l’état de la transmission de votre vélo que vous pouvez économiser et faire durer en mettant en œuvre quelques principes.

D’abord c’est quoi la transmission du vélo ?

La transmission du vélo c’est littéralement ce qui va transmettre votre puissance des pédales au sol. En dehors des roulements de pédalier, de roues et de pédales, la transmission du vélo c’est la chaîne, les pignons de la cassette, les galets de dérailleurs et les plateaux bien sûr. On rajoutera aussi les câbleries et les pédales dans l’histoire…

La transmission c’est cela ! Ici du Sram riuval eTap AXS. Crédit Sram

On pense souvent à entretenir ou à remplacer certaines de ces pièces, mais on délaisse les autres. Pourtant c’est un tout, et comme pour une chaîne, c’est le maillon faible qui fait la force de l’ensemble. Avoir un matériel propre, lubrifié et en état de marche permet d’en profiter pleinement bien entendu mais aussi d’éviter une usure majorée et donc des coûts. Qu’on roule sur la route, en gravel ou sur home-trainer ! Et oui, ces derniers kilomètres ne sont pas virtuels pour votre matériel.

Bien lubrifier sa transmission

On ne roule jamais avec une chaîne sèche, on met donc de l’huile ou un lubrifiant adapté pour éviter les frottements consommateur d’énergie mais aussi de matière ! L’idéal est ne pas laisser la saleté s’accumuler sur la transmission après la sortie. Les anciens recommandaient d’essuyer sa chaîne après chaque utilisation et de la huiler de temps en temps. Le conseil est bon, par temps sec enlever l’excèdent d’huile sale est un plus, mais l’idéal est de dégraisser et nettoyer en profondeur tous les éléments de la transmission au moins une fois par semaine et après chaque sortie sous la pluie.

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Les roulettes se transforment vite en réservoir à cambouis… Crédit Frédéric Iehl

Le fameux cambouis capte très bien toutes les matières abrasives et érode de la sorte chaîne, pignons et plateaux ! On utilisera les lubrifiants adaptés aux conditions météos sur une transmission nettoyée. Les cires sont parfaites sur une chaîne très propre par temps sec et pour quelques heures de vélo par temps de pluie… Quand la pluie et la boue sont au menu toute la journée, une huile temps pluvieux peut être très utile.

Un bon nettoyage en profondeur…

Le nettoyage du vélo n’est pas qu’une affaire de présentation, il optimise le fonctionnement et la durabilité. Crédit Frédéric Iehl

En roulant, le vélo se salit et ce n’est pas sans effet sur son fonctionnement. La poussière, le sable, la pluie et la boue ne se contentent pas de salir. Ils assèchent et déposent des matières abrasives. La consommation d’énergie augmente et l’usure aussi. Il faut donc procéder à un nettoyage appuyé pour limiter cela. On commence avec un dégraissant pour dissoudre le reste de lubrifiant qui est combiné aux saletés. On applique donc le dégraissant avec un pinceau dur ou une vieille brosse à dent et on frotte fort surtout. Sur la chaîne, les pignons, les plateaux, les roulettes de dérailleurs, il faut ôter toute trace. On nettoie ensuite le vélo avec un « shampoing » ou du liquide vaisselle de façon à tout éliminer et on sèche.

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Une transmission propre est plus performante, mais elle s’use aussi moins vite ! Crédit Frédéric Iehl

Lubrifier un vélo « sale » est un dépannage qui améliorera un peu le rendement de la chaîne mais accélèrera l’usure du reste... Le nettoyage vous prendra d’autant plus de temps, d’énergie voire d’argent, qu’il sera fait de façon sporadique. S’il est régulier cela vous prendra au plus une vingtaine de minutes et assez peu d’efforts et de produits d’entretien…

Un vélo bien réglé

Une fois le vélo propre c’est le bon moment pour le vérifier. Une indexation mal réglée avec une chaîne qui frotte sur le pignon supérieur ou inférieur use ce dernier et les nerfs du cycliste. Une patte de dérailleur tordue fera de même en donnant à la chaîne un mauvais angle d’attaque sur le pignon qui accentuera lk’usure. La chape porte-galet peut également être usée suivant l’angle de la chaîne. Et si vous roulez avec la chaîne fortement croisée cela usera de façon sensible les dents du plateau aussi. Il faudra également faire attention au réglage du dérailleur avant. Une chaine qui tombe sur le cadre ou en dehors, qui se coince entre les plateaux s’endommage et endommage les autres composants. Par ailleurs un plateau légèrement voilé, ou avec un mauvais serrage causera également le même type d’usure en plus des risques de saut de chaîne. Un contrôle régulier s’impose donc.

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Il faut vérifier souvent si la patte de dérailleur est alignée ou non. Crédit Frédéric Iehl

Et c’est là qu’intervient l’usure des câbles et gaines. Si vous avez une transmission mécanique pensez à les changer au moins une fois par an, avant le printemps ce sera bien. Cela à un coût, mais votre indexation fonctionnera mieux et sera plus précise. Cela vous évitera de forcer sur vos leviers de commande qui seront préservés alors. Si vous avez un dérailleur électronique, vous n’aurez rien à faire à part recaler votre indexation éventuellement ! Vérifiez également l’état et le jeu des galets de dérailleurs, des moyeux et du jeu de pédalier à l’occasion. Tout ce qui ne tourne pas rond engendre une usure !

La chaîne commande l’usure

A force de s’engrener sur les dents des pignons de la cassette et des plateaux, la chaîne va finir par y laisser son empreinte. Et plus la chaîne vieillit, plus elle s’allonge et plus l’empreinte se creuse et devient importante. Une usure de 0,2 à 0,4 mm n’entraîne aucune conséquence sur l’usure des plateaux et pignons. Entre 0,4 et 0,8 mm, on est encore bon mais on attaque légèrement les autres composants, il faut penser au changement de chaîne. Au-dessus de 0,8 mm, la chaîne est usée et attaque les autres parties de la transmission, il est trop tard alors. Un contrôleur de chaîne vaut une dizaine d’euros pour les modèles basiques, les modèles électroniques sont plus onéreux, et ils vous permettent tous de ne pas vous y prendre trop tard. Ou trop tôt !

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Le contrôleur rend des services pour remplacer la chaîne au bon moment. Crédit Frédéric Iehl

On regardera aussi l’usure des dents des plateaux et des pignons. Et on terminera par celle des galets de dérailleur. Il faut impérativement qu’il y ait des dents dessus, pas trop pointues et en bon état et qu’il n’y ait ni point dur, ni trop de jeu. C’est essentiel pour que l’indexation fonctionne. L’idéal est de changer les pièces usées avant que leur usure ne soit préjudiciable à l’état des autres pièces… Et cela peut arriver vite surtout en usage extrême, boue, sable, pluie, saumure.

La règle et ses limites pour la transmission

La règle d’or c’est de ne jamais monter une chaîne neuve sur une (trop) vieille cassette. Car dans ce cas il y a des chances que les pignons les plus usés craquent… Ou plutôt que lorsque vous vous mettrez en danseuse, la chaîne se détendra comme si une dent de la cassette avait cassé. Cela a un bruit caractéristique de craquement (d’où le nom) et à termes cela engendre l’usure prématurée de la chaîne neuve ou sa casse. Ce sont les pignons aux alentours des 17 dents (les plus utilisés) qui sont les plus soumis au phénomène. Donc quand la cassette est très ancienne, on la change aussi. Mais le plus simple n’est-il pas d’associer une cassette et une chaîne neuve et de les user jusqu’à la corde ? Oui et non. Oui, car on ne s’embêtera pas à contrôler l’usure de la cassette pour savoir si elle est toujours utilisable. On pourra quasiment doubler la durée de vie de la chaîne aussi… Séduisant ? Bof, il y a un point économique et un point technique. Du point de vue éco, si on y regarde de plus près en faisant près de 8 000/10 000 Km avec une chaîne (soit le double de sa durée de vie grosso-modo), on a des chances d’endommager aussi ses plateaux surtout si on grimpe chaîne croisée…

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Les galets en résine sont moins « abrasifs » pour la chaîne que les modèles en métal qui eux s’usent aussi souvent plus vite. Crédit Frédéric Iehl

Les galets ou roulettes de dérailleurs peuvent aussi s’inviter plus rapidement au rang des pièces à remplacer faisant grimper la note. Car là il faudra tout changer pour que la seconde chaîne dure. Du point de vue technique, avec une chaine aussi usée vous ne pourrez pas utiliser une roue disposant d’une autre cassette que la votre sous peine de tout endommager, d’avoir des craquements importants et une indexation parfois capricieuse. Pour se dépanner ou prendre une autre roue rapidement cela peut faire la différence… Et si vous avez un home-trainer Direct Drive ce sera pareil, il faudra transférer votre cassette habituelle sur le trainer.

Bien utiliser sa transmission

Une chaîne sèche c’est une consommation de watts supplémentaires. C’est la première des choses à prendre en compte, mais c’est aussi une usure majoré des maillons et des surfaces qu’ils rencontrent. Ensuite, nos vélos sont munis de 10, 11, 12 pignons et de deux plateaux. Ce qui nous donne jusqu’à 24 rapports plus ou moins différents. La souplesse de la chaîne permet de les utiliser avec un minimum de friction. Mais pas sans usure !

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Il faut vraiment brosser l’intérieur des maillons, sinon les résidus se répartiront sur toute la chaîne au fil des kilomètres. Crédit Frédéric Iehl

Donc quand on roule avec la chaîne très croisée on use les dents des pignons, des plateaux et les rouleaux de façon exagérée et comme ils emprisonnent un peu le lubrifiant d’origine, la graisse, ce n’est jamais bon. Si au niveau des rouleaux cette usure est sensible, c’est sur les dents des plateaux et des pignons que cela sera le plus visible cependant. D’autant plus si vous roulez par temps de pluie et que vous montez les côtes ainsi avec des watts ! Dans ce cas le mieux est d’avoir un mono plateau avec une meilleure ligne de chaîne… Sinon il faudra réserver cette façon de faire aux situations d’urgence. Sous peine de consommer chaîne, pignons et plateaux à tours de pédalier !

Les astuces des équipes

Cette astuce date de l’époque où il y avait de cassettes de plaine, de montagne et de contre la montre, il y a plus de 15 ans… Avec les 11 et 12 vitesses désormais, les coureurs font le Tour, voire la saison, avec une seule et même cassette, on peut donc leur laisser les mêmes roues toute la course, ce qui est d’autant plus souhaitable que les disques et les plaquettes sont chimiquement et mécaniquement liés. Maintenant il y a toujours les dépannages en cours de route à gérer… À l’époque pour limiter les problème en cas de dépannage, les mécaniciens de certaines équipes, mais pas toutes, s’arrangeait pour que les coureurs ne repartent jamais deux fois de suite avec les mêmes roues et donc la même cassette. Bilan, les cassettes se marquaient moins, de façons différentes et duraient la saison de course , les plateaux n’étaient pas changés car pas endommagés. Mais pour rappel un vélo de course pro fait rarement plus de 5 000 km en équipe Worldtour, cela relativise pour les plateaux. Néanmoins avec l’arrivée des 10 puis 11 vitesses, les pros ont commencé à grimper sur la plaque en croisant un maximum, malgré cela le gain d’usure restait quand même sensible au niveau de la cassette. On peut donc conserver cette façon de faire pour faire durer ses pignons. Et si on a une cassette de montagne pourquoi ne pas l’utiliser par temps beau et sec quand on a monté une nouvelle chaîne pour faire quelques sortie de plat avec ? On économise sa cassette usuelle de la sorte, mais surtout on s’affranchit du fait de devoir remonter une chaîne neuve pour faire de la montagne. À la condition bien spur d’avoir mais sa chaîne. la bonne longueur.

Les précautions quand on met une pièce neuve

Pour la cassette, les plateaux et les galets de dérailleurs pas de précaution à prendre. On les monte direct. Au niveau de la chaîne, il faut savoir que la graisse d’origine est là pour éviter la corrosion durant le transport. Elle résiste donc bien à l’eau, lubrifie correctement, mais elle fixe aussi parfaitement le sable. Donc suivant les conditions de la première sortie que vous ferez avec, vous aurez peut être intérêt à la dégraisser…

Certaines chaînes ont un traitement antifriction, comme ici. À ne pas confondre avec la graisse de stockage ! Crédit Frédéric Iehl

Il faudra au moins 4 lavages pour que la graisse d’origine ait totalement disparu. Pour bien fonctionner la chaîne doit aussi avoir la bonne longueur. Celle qui lui permet d’être tendue mais sans excès. On se réfèrera aux notices de montage pour avoir la bonne dimension. Mais on fera attention si on utilise des cassettes de « plaine » et qu’occasionnellement on met une cassette de montagne. Si on croise beaucoup la chaîne, cette dernière pourrait alors être trop courte si on grimpe avec le grand plateau et le plus grand pignon…

Les durées de vie des éléments de la transmission

Plus il y a de pignons sur une cassette, moins la chaîne dure ! L’explication est simple tout est moins épais, maillons et dents. De plus comme on croise, on use en biais aussi. En compétition, on use plus rapidement, jusqu’à 2 fois plus, qu’en usage « cyclotouriste », les relances, les démarrages « tirent » vraiment sur les maillons et par conséquents sur les dents. Les watts sont là en plus, donc même un cycliste entrainé et léger va entamer son capital matériel. L’idéal est donc de contrôler l’usure de la chaîne à partir des 2 000 km et de le faire tous les 500 km ensuite. En moyenne avec une chaîne vous ferez sans problème 4 000 km minimum mais certainement pas plus de 6 000 km sans endommager le reste. Une cassette utilisée avec des changements de chaînes à temps peut facilement faire 25 000-30 000 km.

Les dents du plateau s’usent également. Le traitement de surfaces s’effacent d’abord puis les dents s’affinent. Crédit Frédéric Iehl

Pour les plateaux tout dépend de leur traitement, matériaux et conditions d’utilisation. Cela varie de 10 000 à 50 000 km. Enfin pour les galets suivant leur nature, résine ou métal, c’est variable donc entre 10 000 km et 30 000 km. Ces opérations de contrôles et d’entretien ne prennent finalement pas beaucoup de temps et permettent d’optimiser la durée de vie et la performance de votre transmission. Ce qui ests déjà beaucoup…

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