Le Lapierre Aircode DRS en test !

Très en verve avec Arnaud Démare, le nouveau Lapierre Aircode DRS ne manque pas de qualités que nous avons pû entrevoir lors de son lancement en septembre…

Champion de France 2020, victorieux de 4 étapes du Giro (au 19/10/2020…), et on passe sur les autres « gagnes » d’Arnaud Démare et de celles de ses coéquipiers, le nouveau Lapierre Aircode DRS est plutôt efficace au plus haut niveau, mais pour nous ? Comment se comporte-t-il ? Qu’apporte-t-il ? Petit test d’une machine avec laquelle il faudra compter…

Question de choix…

Pourquoi prendre un vélo aéro ? La question est souvent posée… Les réponses sont multiples. On évitera le « parce que j’aime l’esthétique » (réponse assez répandue), et on s’attardera plus du point de vue usage, là où il y a de très bons arguments à faire valoir. D’abord cela peut correspondre au style du cycliste, qui roule vite sur le plat et grimpe au train. Peu importe qu’il grimpe « bien » ou mal, son truc c’est d’assurer un tempo en montée et de s’y tenir. Il y a ensuite des cyclistes qui roulent vite tout court : les sprinters, et puis il y a les cyclistes qui ont besoin de rigidité du fait de leur gabarit et qui peuvent dès lors préférer un vélo aéro ! Enfin, il y ceux qui ont les moyens d’avoir un vélo pour grimper et un autre pour rouler… En résumé pour choisir un vélo aéro, les raisons ne manquent pas. Le tout est de les assumer par la suite ! Parce qu’il y a quelques spécificités qui peuvent en limiter l’attrait. Et au premier chef, il est difficile d’estimer par soi-même l’efficacité du travail sur l’aérodynamique…

Un pilotage agréable

Un bon vélo aéro ce n’est pas un vélo de chrono ! Le premier doit pouvoir « naviguer » dans un peloton, le second doit être le plus « stable » possible pour perdre le moins d’énergie possible. Le Lapierre Aircode DRS est très maniable, c’est une excellente chose. A son guidon, on pilote au millimètre, le vélo permet des changements de trajectoires rapides et précis. C’est idéal en courbe, mais aussi dans les derniers mètres d’un sprint quand il s’agit de sortir de la roue d’un adversaire ! On ne sent aucune « lourdeur » dans la direction, même avec des jantes hautes qui augmentent l’effet gyroscopique. On exploite aussi pleinement les qualités de ses pneus et du freinage à disque. Au final, on ne voit guère de différence avec le Xelius SL sur ce plan. Chez les pros une telle machine sera parfaite pour un Milan-San Remo ! Elle passe partout, critérium ou descente de col, rien ne la pénalise… Quand on se lâche, le vélo file droit et n’est pas « instable » même en étant posé à l’avant. Si on est un gabarit très léger, il faudra juste faire un peu attention avec le vent latéral. Les jantes hautes et les formes du cadre ayant une certaine surface qui offre de la prise au vent.

Un châssis performant

Notre machine de test était le haut de gamme de la marque, le Lapierre Aircode DRS 8.0. Il adopte le composite UD SL et non le UD SL Ultimate que les pros de Groupama-FDJ utilisent et qui se retrouve sur les ensembles cadre-fourche de la marque. Notre vélo est donc « moins bridé » que celui d’Arnaud Démare. Cela tombe bien, nous n’avons pas ses jambes ! Il nous reste quand même de la puissance, du poids aussi, bref de quoi se rendre compte que le cadre transmet bien l’énergie et reste plaisant à utiliser. L’aérodynamique est impossible à juger pour notre part sur le terrain. Les gains se caractérisent parfois par quelques secondes sur 200 km, ils font la différence entre premier et second certes, mais quand on roule, il est difficile de savoir si on roule plus vite et plus facilement grâce à cela ou à autre chose. En tout cas, nous étions bien posé sur cette machine et elle était très agréable à rouler !

Un équipement de qualité

Lapierre Aircode DRS Test
Les tubeless sont des 25 mm. Il y a de la marge, on peut passer plus gros, mais on a déjà du confort et une bonne adhérence. Crédit Frédéric Iehl
Lapierre Aircode DRS Test
La transmission Di2 est un atout sur ce type de machine quand on grimpe en permettant des changements de rapport rapide et précis; Crédit Frédéric Iehl

On retrouve sur cette machine le guidon Lapierre qui malgré la finesse du cintre en aile d’avion se montre très rigide lui aussi. On aura le même ressenti pour les roues, DT Swiss Arc 1100 Dicut 50 Carbon qui ne bougent pas… Les pneumatiques Continental GP 5000 en version tubeless sont parfaits. Le vélo est livré muni de chambres à air… Pensez à les retirer. On dispose d’un groupe Shimano Ultegra Di2 avec freins à disque. La tige de selle, comme la potence et le cintre, est un produit Lapierre dédié à l’Aircode DRS. Pour l’assise, on a une selle « courte » Prologo Dimension qui permet d’avoir une position aérodynamique plus confortable avec son « petit » bec. En plus du pack « route », le vélo est livré avec des prolongateurs de triathlon. Le cintre est certes « spécifique », mais c’est assez rare quand même et c’est une très bonne surprise.

Lapierre Aircode DRS
Le levier a besoin d’une traction importante pour sortir de l’axe. Aucun risque de le perdre. Crédit Frédéric Iehl
Lapierre Aircode DRS
Le bout du levier de blocage du Thru-Axel comporte une clé allen de 6 mm et une de 4 mm. Crédit Frédéric Iehl

Un comportement rigide

La transition entre la fourche, la douille et le tube diagonal a été très étudiée pour diminuer la trainée… Crédit Frédéric Iehl
Lapierre Aircode DRS
Le gros tube diagonal adopte un profil Kammtail qui lui confère en plus une bonne rigidité. Crédit Frédéric Iehl
Lapierre Aircode DRS
Sa face supérieure est plate ! C’est toujours surprenant. Crédit Frédéric Iehl
Lapierre Aircode DRS
La jonction à la boîte de de pédalier des divers tubes augure d’une grande rigidité. Sur la route cela ne dément pas. Crédit Frédéric Iehl

Que l’on tourne les jambes ou qu’on écrase les pédales, le Lapierre Aircode DRS encaisse tout sans broncher ! Plat ou montée, son comportement sera identique, il excelle au train. Mais il sera nécessaire d’adapter sa façon de rouler en fonction de ses capacités et du terrain. Car le vélo se montre quand même un peu spécifique par rapport à une machine « polyvalente ». Sa réactivité dépend ainsi beaucoup de la puissance et de la force du cycliste. Sur le plat, le faire bondir est assez aisé au-dessus de 35 km/h même avec un peu long. Le Lapierre saute alors facilement dans les roues. En revanche, sur un sprint arrêté, il faudra de la cuisse. Idem en montée, où il est plus délicat de démarrer en force ! Lors des ascensions au train, on aura tout intérêt à maintenir une cadence régulière en jouant du dérailleur au moment opportun. Les purs grimpeurs auront donc un peu de mal avec cette machine qu’ils trouveront moins vive qu’un Xelius SL par exemple. Pour effectuer des changements de rythme, l’idéal sera donc de jouer sur les tours minute plus que sur la force. Sauf si on en a beaucoup, comme un vrai puncheur…

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Question de style…

Lapierre Aircode DRS Test
Le cintre est très rigide et fait corps avec la potence et le cadre. Idéal quand on a du gabarit ! Crédit Frédéric Iehl
Ces caches masquent les fixations des prolongateurs. Crédit Frédéric Iehl

Vu ce comportement, un cycliste qui a le profil rouleur ou sprinter sera comblé. Un puncheur aussi ! L’Aircode DRS permettra en effet d’optimiser les points forts de ce type d’utilisateur qui trouvera alors une plateforme parfaite pour passer sa puissance. Les sprinters profiteront en plus de la rigidité du poste de pilotage pour être encore plus efficaces. Mais le dernier point à prendre en compte, sur ce vélo c’est son confort. En effet, le triangle arrière issu de celui du Xelius SL absorbe beaucoup de chocs et vibrations. La présence de tubeless accentue encore cette capacité. On appréciera ce comportement sur la durée ! D’autant que cela limitera aussi les rebonds sur les chaussées en mauvais états ou pavées. On peut donc envisager sans souci de rouler de longues heures à son guidon.

Lapierre Aircode DRS Test
Les haubans sont très larges et dégagent parfaitement la roue. Crédit Frédéric Iehl
Lapierre Aircode DRS Test
La forme des haubans apporte de la flexibilité à l’arrière du vélo. Et donc beaucoup de confort. Crédit Frédéric Iehl

La géométrie aéro d’abord !

Cette machine est faite pour rentrer dans le vent. On retrouve ainsi un angle de selle plus redressé et un tube supérieur un peu plus court que sur un Xelius SL, mais avec une douille identique. L’idée est de positionner la potence un poil plus bas en jouant sur les cales et en plaçant le cycliste sur l’avant. C’est même aussi obligatoire pour profiter pleinement du vélo. Mais attention, la tige de selle limite les sorties et si on avait l’habitude de prendre une taille en Xelius avec une sortie de selle extrême, il y a de fortes chances qu’on doive passer sur la taille supérieure en Aircode DRS ! Dommage pour les plus souples qui trouveront alors le guidon un peu trop haut peut-être… Le cintre présent sur l’Aircode DRS 8.0 permet en plus de fixer un prolongateur aéro qui fera de cette machine un bon produit pour des triathlons ou des contre-la-montre se déroulant sur des parcours avec dénivelées.

La géométrie du Lapierre Aircode DRS 8.0

Lapierre Aircode DRS
Tout est calculé pour placer le cycliste à l’avant. Crédit Frédéric Iehl
Le roulement supérieur est placé assez bas. On peut donc gagner quelques millimètres en plaçant la potence au minimum. Crédit Frédéric Iehl
TaillesXSSMLXLXXL
Hauteur440450490520550580
Longueur520531547568587605
Hauteur de douille105120140160180200
Angle du tube de selle74°74°74°73°573°573°5
Angle de direction72°72°73°73°74°74°
Longueur des bases405405405405405405
Stack501516538557580600
Reach376383393403415428

Et le poids ?

Nous n’avons pas parlé de son poids parce qu’il ne nous a pas gêné en fait. Prête à rouler (pédales et porte bidon), notre machine faisait 8,3 kg en taille XL. C’est à la fois beaucoup et peu. Le surpoids dû à la batterie et aux disques est situé sous l’axe d’inclinaison du vélo en danseuse. On ressent donc assez peu l’inertie en danseuse. Alors oui, un vélo à 8 kg sorti de carton, c’est énorme par rapport à ce qu’on connaissait sur les modèles de montagne à patins, qui se situait à ce niveau de prix à 7 kg, voire moins. Mais il faut tenir compte ici que les cadres aérodynamiques ont toujours pesé plus lourds que les autres, que l’Ultegra mécanique à patins est nettement plus léger que le Di2 hydraulique et que les disques amènent un surpoids incompressible par rapport à un système traditionnel. Maintenant si on compare cette machine aux autres vélos à disque de ce futur millésime 2021, en Ultegra Di2 à disque et en aéro, elle est bien placée.

La Trap Door permet d’insérer la batterie dans le bas du tube diagonal. Crédit Frédéric Iehl

Pour conclure…

Si vous avez un tempérament bondissant, relançant à chaque virage ou rampe, le Lapierre Aircode DRS pourra vous sembler un peu inerte. Ce ne sera donc pas une machine pour un utilisateur « monté sur ressorts » ! Mais si vous appréciez les longues séances de train et si vous aimez quand cela va vite, cette machine sera pour vous. C’est notre cas. Nous avons apprécié son efficacité quand nous avons pu rouler vite sur le plat. On en a même profité pour un sprint ! Son comportement en bosse nous a séduit aussi quand il s’est agi de supporter un grimpeur poussif qui passait les difficultés tantôt en vélocité, tantôt en force… Nul doute qu’avec un cycliste en meilleure condition, et avec une bonne régulation de ses développements, le Lapierre Aircode DRS ne soit redoutable d’efficacité sur la pente et permette avec de la cuisse de monter vite et de s’autoriser des démarrages violents. Vu les équipements et la prestation dynamique, la bête justifie son prix, on aura juste besoin d’avoir une paire de roues plus ordinaire pour l’entraînement. Car on aura à la fois un vélo de route et une machine de triathlon ou de chrono pour des parcours à dénivelée…

Fiche technique : Lapierre Aircode DRS 8.0

L’Aircode DRS 8.0 en version « route ». Crédit Lapierre
2021 Lapierre Gamme Aircode DRS
Et en version triathlon. Crédit Lapierre
  • Cadre : monocoque carbone UD SL
  • Fourche : carbone UD SL
  • Leviers : Shimano Ultegra Di2 Hydrauliques
  • Dérailleurs : Shimano Ultegra Di2
  • Pédalier : Shimano Ultegra 52-36
  • Cassette : Shimano Ultegra 11-28
  • Chaîne : Shimano 105
  • Freins : Shimano Ultegra Hydrauliques 160 mm/140 mm
  • Guidon : Lapierre Aero Carbon/Lapierre 5,7°
  • Tige de selle : Lapierre Aero Carbon
  • Selle : Prologo Dimension
  • Roues : DT Swiss Arc 1100 Dicut 50 Carbon
  • Pneus : Continental GP 5000
  • Tailles : XS – S – M – L – XL – XXL
  • Poids : 7,96 kg
  • Prix : 6 999 €

A retenir :

Les points positifs

  • Rigidité
  • Confort
  • Équipements

Les points à améliorer

  • tige de selle un peu courte…

Contact : Lapierre

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2 comments

comments user
LIONEL FICHEN

Si je ne me trompe pas le Shimano Ultegra Di2 Disc 11 (2718g) est plus léger que le Shimano Ultegra Disc 11(2779) par contre les versions à patins de l’ultegra pèse environ 200g de moins.

    comments user
    Frédéric Iehl

    Vous avez tout à fait raison il manquait les mots Ultegra à patins et Di2 hydrauliques… En ce qui concerne les poids entre la version mécanique et Di2 dédiées aux freins hydrauliques, si on ne s’attarde que sur les composants spécifiques , leviers et dérailleurs on a ceci : à disque Di2, les leviers Ultegra pèsent 395 g, le dérailleur avant 132 g , l’arrière 240 g, l faut rajouter le poids de la batterie 50 g soit 817 g. En version disque mécanique, les leviers 554 g, le dérailleur avant 92 g, l’arrière 200 g soit 846 g. Les différents connecteurs et faisceaux du Di pèsent au final le même poids que les gaines et câble de dérailleurs, la différence entre les deux versions est donc très minimes

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