Comment choisir et faire durer son casque vélo ?
Partager la publication "Comment choisir et faire durer son casque vélo ?"
Seule carrosserie du cycliste, le casque assure sa protection à la condition d’être bien choisi et entretenu. Petits rappels sur ce matériel.
Nous reviendrons pas sur le port du casque à vélo qui n’est obligatoire que jusqu’à 12 ans pour les jeunes sur la voie publique, et en compétition (échauffement compris) et sur certaines autres manifestations bien sûr pour les adultes. On peut donc s’en passer, ou au contraire choisir de le porter en permanence. Donc si le casque n’est pas pour vous une obligation ou un accessoire de mode mais un vrai moyen de protection, il y a des choses à savoir pour le choisir et le faire durer. La première est de prendre un casque « authentique » et muni du logo lié a la norme NF EN 1078. Évitez donc les casques d’occasion car vous ne savez rien de leur vécu et les contrefaçons surtout car vous ignorez tout de leur efficacité …
Pourquoi le casque à vélo ?
À vélo, le casque n’a pas pour vocation d’empêcher un corps étranger de pénétrer jusqu’au crâne comme un casque militaire ou de chantier. Non son but est de freiner en douceur le cerveau au moment de l’impact. Étonnant ? Non… Le cerveau flotte au sein de la boîte crânienne dans le liquide céphalo-rachidien. Lors d’un choc il va se déplacer à la même vitesse que le crâne. Mais quand celui-ci sera « arrêté » par l’impact, le cerveau ira frapper le crâne, il y a vraiment peu de distance entre eux… Et c’est cela qui cause les dommages au cerveau. Dans le cadre de la pratique du vélo, le but du casque est donc d’absorber l’énergie cinétique de la tête pour freiner en douceur le couple boite crânienne/cerveau et éviter ou limiter tout choc entre eux.
Comment le casque absorbe l’énergie ?
Pour cela, les deux faces du casque vont travailler. La face externe va absorber l’énergie du choc contre l’obstacle, la partie interne celle du crâne contre le casque. Pour optimiser ce comportement, les fabricants de casques vélo utilisent souvent des densités différentes d’EPS, le fameux polystyrène expansé. Du dense à l’extérieur et du plus tendre à l’intérieur. La calotte en absorbant l’énergie va « exploser », casser ou se fendre suivant l’intensité de l’impact.
L’absorption de l’énergie du choc fait « travailler » la structure du casque de façon discrète ou plus cachée. Après un choc, il faut donc considérer que le casque est détruit et doit être remplacé quel que soit sont état extérieur, car l’EPS ne sera plus en mesure d’absorber un choc sur la zone qui a été touchée. La coque externe est esthétique, mais elle permet aussi au casque de « glisser » sur le bitume pour préserver autant que possible les vertèbres cervicales.
Enfin, la cinématique de l’impact fait qu’il y a souvent une rotation lors du choc. Les fabricants ont donc tenu compte de cela en intégrant le système Mips ou en adaptant les calottes aux chocs rotatifs (Kask WG11, Spherical de Bell et Giro) afin d’augmenter le niveau de protection du casque. Par ailleurs certaines marques exploitent des petites structures en formes de cellules (Wavecell) ou de tubes (Koroid) en lieu et place de l’EPS, elles se montrent de fait plus ventilées. Ces structures se déforment avant de s’écraser pour absorber l’énergie. Elles sont utilisées sur l’intégralité de la coque (Bontrager, Smith) ou sur certaine partie (Ekoï Aerodinamica)
Dorian Allibert responsable des casques chez Ekoï nous éclaire sur le niveau de protection du casque.
Dimensions Vélo : Quelle est la fonction de la coque externe ?
Dorian Allibert : La coque est avant tout esthétique. Elle permet au casque de glisser un peu sur le sol, mais surtout avec le procédé inmold elle participe à renforcer la structure en EPS le (polystyrène) et ce qui permet une bonne diffusion de l’énergie du choc.
Dimensions Vélo : Comment la coque en EPS protège ?
Dorian Allibert : L’EPS a une dureté qui lui permet de fissurer pour absorber l’énergie du choc. La déformation et donc la destruction de la structure sont incontournables. Un casque qui casse à l’impact n’est pas un casque « fragile », c’est un casque qui a assuré sa fonction ! Évidemment le choix de la dureté de l’EPS est primordial. Trop dur, il se comportera comme un obstacle et il transmettra trop de l’énergie du choc. Trop « tendre » il se cassera avant d’absorber l’impact et ne servira à rien. Trouver le bon équilibre est primordial.
Dimensions Vélo : Les mousses internes assurent-elles la protection ?
Dorian Allibert : non, elles sont uniquement là pour le confort et le calage du casque.
Dimensions Vélo : Quel est le rôle des armatures internes (protection de la tête ou cohésion du casque) ?
Dorian Allibert : Les armatures internes permettent de compenser les « espaces ouverts » qu’il y a dans la coque. Un casque sans aération n’en aurait pas besoin. Sur un modèle aéré c’est impératif ! Le rôle de l’armature est alors de maintenir la cohésion de la structure pour répartir au maximum l’énergie de l’impact sur la coque, en aucun cas elle n’empêche la destruction du casque qui est nécessaire à son fonctionnement. On peut résumer ainsi : la coque est comparable à la peau, l’EPS à la chair et le RollCage aux os.
Dimensions Vélo : Est-ce qu’un casque léger protège aussi bien qu’un casque « lourd » ?
Dorian Allibert : oui, tous nos casques passent les normes et sont donc certifiés. Les tests de validations sont les mêmes pour un casque léger, aéré, aéro ou plus, »ordinaire ». Dès lors qu’il est validé il protège donc comme les autres. De toutes les façons, un casque à la bonne taille protégera mieux qu’un casque trop grand ou trop petit…
Comment choisir son casque en fonction du prix ?
Dès lors que le casque est un modèle authentique et dispose du logo CE il offre donc la protection minimum recommandée par les normes en vigueur indépendamment de son prix. En revanche pour augmenter son niveau de protection et disposer des systèmes les plus aboutis comme le Mips ou le Spherical, il faudra donc dépenser plus… On remarque sur ce plan que Kask ne propose presque que des casques de vélo certifiés WG11 dans sa gamme. Maintenant le prix s’explique en termes de notoriété, le sponsoring coûte cher, et de confort, dont le poids et la ventilation. Plus c’est léger et/ou ventilé, plus c’est cher ! De plus si on retrouve des systèmes « basiques » au niveau des sangles, du maintien occipital et des mousses sur les entrées de gamme, en montant en gamme on dispose de produits plus techniques et plus agréables sur la durée. Pour aller plus loin l’université américaine Virginia Tech publie chaque année des tests plus exigeants que les normes en vigueur, tous les casques du marché n’y sont pas référencés dommage… Certaines marques proposent aussi une politique de Crash Replacement, permettant sous condition d’acquérir un nouveau casque après accident à des conditions de prix intéressantes. Ce peut aussi être intéressant.
Choisir son casque en fonction du vélo utilisé…
Maintenant en tant qu’utilisateur il vous faut un casque adapté à votre pratique du vélo. Un casque pour faire de la route ne sera pas forcément le même que pour évoluer en VTT ou sur vélo urbain, chacun ayant ses contraintes propres. Dans tous les cas, n’oubliez pas que vous allez passer un certain temps dans votre casque. S’il est court, le confort des sangles et des mousses ne sera pas primordial. Si c’est plus long cela deviendra capital. Il ne faut pas oublier que sur les entrées de gamme, les fabricants proposent déjà des mousses et des sangles « agréables » et « efficaces ».
Maintenant sur la durée vous apprécierez peut-être des mousses qui sèchent vite, traitées anti-bactérienne, des sangles aérées et un mécanisme de maintien occipital micrométrique. Ceci peut aussi justifier une rallonge budgétaire, plus que le fait de ressembler à tel ou tel champion.
Les casques pour la route
Sur la route, les vitesses sont très variées et induisent le choix des casques, hors modèles de contre-la-montre et de triathlon. Pourquoi ? Nous avons les casques aérodynamiques, qui sont généralement assez « fermés ». Il y a juste deux ou trois ouvertures à l’avant pour « forcer » l’air en le compressant et de larges extracteurs à l’arrière pour créer une dépression qui va l’aspirer. Cela fonctionne bien au-dessus de 30 km/h et convient aux compétitions en plaine ou ne comportant que des ascensions rapides (peu pentues ou très courtes). Dès lors qu’on roule en-dessous de 25 km/h, la température commence à monter dans le casque…
En parallèle, nous avons des casques plus aérés qui conviennent à des terrains plus accidentés. Dans une ascension longue et pentue, la chaleur va avoir tendance à stagner dans la partie haute du casque, au sommet du crâne. Faute de vitesse, on doit alors compter sur la seule convection pour rafraichir la tête. Si votre pratique du vélo se conçoit sur de longues distances ou en montagne, il peut donc être utile de choisir un casque largement aéré dans sa partie supérieure. On perd un peu en aérodynamique certes, même si les derniers nés de la catégorie sont travaillés en ce sens, mais on gagne beaucoup en confort. À propos des aérations, leur nombre ou leur surface ne fait pas tout en termes de ventilations, le schéma de circulation de l’air dans le casque est au moins aussi important. Alors n’hésitez pas à regarder l’intérieur !
Les casques gravel
Les casques de route aérés de route y ont leur place au même titre que les casques pour le cross-country. On privilégiera les casques ventilés sur le dessus, la vitesse dans les montées en gravel étant assez proche de celle des cols de haute montagne, il faudra donc compter sur l’aération passive pour garder la tête au frais. Les casques aéro n’ont pas trop leur place à part avec des compétiteurs et des parcours vraiment très très roulants. L’évolution sur des terrains riches en végétation peut également justifier d’avoir une protection supplémentaire sur la nuque. D’une façon générale, on retrouve souvent des visières rigides amovibles sur les divers modèles employés en gravel.
Les casques VTT
La pléthore de discipline dans le VTT conduit à une pléthore de type de casques ! Pour le cross-country on peut ainsi retrouver des modèles route avec une visière rigide, mais aussi des modèles plus spécifiques avec une coque descendant plus bas sur la nuque pour augmenter le niveau de protection.
La position VTT étant moins « aplatie » sur le vélo pas de souci de confort au niveau de la nuque. Pour les disciplines plus engagées comme la descente ou l’enduro, il faudra disposer d’un casque intégral avec protection faciale « fixe ». Ces modèles disposent d’aérations qui permettent de pédaler dans un certain confort.
Les casques pour vélo de ville
On peut rouler avec tous les casques sur un vélo de ville mais pour la plupart des utilisateurs, le but est de ne pas se « déguiser en coureurs » ! On retrouve donc ici plus les codes de la moto et du scooter que ceux du vélo ! Les lignes s’éloignent ainsi de celles des casques « sportifs » pour se rapprocher de celles d’un casquette. On retrouve également de nombreux inserts réfléchissants sur ces modèles.
Les ventilations sont minimes du fait d’une activité moins intense et moins longues. L’intérieur est aussi prévu pour éviter les coiffures « ondulées » une fois le casque enlevé. On retrouve souvent une visière transparente pour protéger de la pluie et du vent. Le but en plus de protéger le cycliste urbain des chocs est de lui conserver un look « urbain sérieux » ! Certaines marques proposent des casques « repliables » qui prennent moins de place une fois le cycliste redevenu piéton.
Les casques enfants
Pour nos chères têtes blondes, les casques sont souvent multisport (vélo, skate, rollers). La coque externe est plus « dure » pour résister aux petits chocs de la vie enfantine, elle comporte de petites aérations, néanmoins suffisantes pour une activité récréative. L’autre spécificité du casque enfant ce sont les tailles proposées, plus petites que celles des adultes. Lors du choix ne prenez pas trop grand, il faut que la tête soit proche de la coque pour que le casque ne glisse pas.
On ne dégage pas le front de l’enfant en plaçant le casque sur l’arrière du crâne, on le règle comme pour l’adulte. Impératif ! Enfin on ne le peint pas, on ne le crayonne pas, on ne met que les stickers fournis par le fabricant. Et surtout on surveille son état et on le change dès que le tour de tête évolue. Pour les adolescents, certaines marques proposent des modèles spécifiques avec des look adultes, alors que d’autres proposent des tailles plus petites sur tous leurs modèles.
Quelle taille choisir pour le casque ?
Le casque ne doit être ni trop grand, ni trop petit, on doit être en contact avec la calotte via les mousses sur toutes les faces afin de ne pas balloter et de ne pas glisser. On commence donc par perdre la circonférence de la tête avec un mètre. Mais le tour de tête n’est cependant qu’une indication, car la tête n’est pas ronde mais ovale. Et suivant l’importance de l’ovale on peut prendre soit une taille de casque supérieure ou inférieure au tour de tête mesuré pour trouver le bon casque.
Il ne faut jamais, jamais, prendre un casque trop grand en espérant combler les vides avec les mousses ou en prendre un trop petit qui risque de comprimer le crâne. Dans le premier cas le casque ne protégera pas car il glissera, dans le second il pourra aussi glisser et sera en plus juste insupportable ! De nombreuses marques proposent des visières et des bonnets qui se fixent sur les mousses ou les remplacent de façon sûre.
Comment faire durer son casque ?
Le casque ne s’use que si l’on s’en sert ! La boutade est vraie, en cas de choc il faut le changer c’est vrai, mais elle est aussi incomplète car les conditions d’utilisation interviennent dans sa durée de vie. Nous avons posé quelques questions à ce sujet à Franck Dumontier responsable développements casque chez Mavic :
Dimensions Vélo : Comment vieillit un casque en usage normal ?
Franck Dumontier : Il y a différents facteurs qui interviennent. La fréquence et la durée d’utilisation sont les premières causes du vieillissement du casque. Plus on roule longtemps plus on l’expose aux autres facteurs ! L’exposition aux UV fait ainsi vieillir les couleurs et la finition du casque. Les conditions climatiques, pluie, froid, grêle, influent sur sa durée de vie. S’il est évident de changer son casque après un gros impact, il y a tous les petits chocs qui peuvent l’endommager. Ces petits chocs sont ceux de la vie courante quand le casque tombe d’une table par exemple ou quand il tape contre un objet durant son transport. Le stockage quotidien a également son influence, entre deux sorties on ne le range pas forcément bien.
Dimensions Vélo : Quelle est l’influence des UV, de la chaleur, du froid, de sueur sur sa durée de vie ?
Franck Dumontier : Les UV ternissent les couleurs (exposition prolongée). Les plus sensibles sont ainsi les couleurs fluo, rouge et les blancs qui jaunissent malgré les adjuvants et vernis de protection/filtration. Le polystyrène (EPS) perd de ses caractéristiques avec le temps : il durcit et se désagrège. La chaleur au-delà de 80° c (ex : derrière des vitres de voiture en plein soleil sur un parking) induit la déformation des pièces plastiques. Le froid, à partir de -20° c, rend certaines pièces cassantes. Enfin la sueur détruit surtout les pads (acidité de la sudation) et endommage les sangles.
Dimensions Vélo : Quelle est la durée de vie d’un casque utilisé ?
Franck Dumontier : D’usage, il est préconisé de garder un casque 5 ans au maximum. Mais il va de soi que suivant la fréquence d’utilisation, les facteurs précédents peuvent réduire de façon notable cette durée. Pour le remplacement du casque, nous recommandons selon le degré d’usage (niveau d’usure observé), de le faire entre 3 et 5 ans. Et immédiatement en cas de choc important avec déformation de la structure. Attention, il ne faut pas se fier aux seules marques visuelles car sous la coque extérieur (PC shell), l’EPS peut être enfoncé, fissuré ou déformé (cqfd). On peut changer facilement de casque mais pas de cerveau (tous les modèles de casque en vente dans le commerce satisfont normalement aux normes en vigueur) !
Dimensions Vélo : Quelle est la durée de vie d’un casque stocké ?
Franck Dumontier : Il n’y a pas de réglementation, ni d’informations précises sur ce point. Cependant, les matières plastiques s’altèrent même si les conditions de stockage sont correctes. La durée de vie du casque sera donc impactée et réduite par ces modifications.
Dimensions Vélo : Quels sont les signes qui indiquent qu’il faille remplacer son casque ?
Franck Dumontier : Il va falloir regarder son casque de près fréquemment. Il faut d’abord s’assurer que la forme interne est « normale » sans déformation et que l’EPS ne présente pas de fissure. Ensuite on s’assure que l’intérieur du casque ne se désagrège pas et qu’il n’y a pas de décoloration des surfaces. On vérifie que les sangles et système de serrage ne sont pas détériorés.
Dimensions Vélo : Comment prendre soin de son casque ?
Franck Dumontier : D’abord il faut le nettoyer régulièrement à l’eau claire ou légèrement savonneuse et le laisser sécher à l’air libre, mais pas au soleil, ni proche d’une source de chaleur intense (radiateur). Une fois sec, le stocker systématiquement dans un sac en tissu (souvent fourni avec le casque) pour éviter les chocs et exposition au aléas climatiques. Il ne faut jamais employer de solvant et ne pas appliquer de peinture dessus , ni de stickers sauf ceux d’origine…
Le réglage du casque
Un casque bien réglé, on gagne en confort et on optimise le niveau de protection. Cela ne prend pas beaucoup de temps, alors ne vous privez pas !
Share this content:
Laisser un commentaire